Guy de Maupassant
Guy de Maupassant
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Guy de Maupassant (1850 – 1893)
Guy de Maupassant naît à Fécamp le 5 août 1850, chez ses grands-parents maternels. Sa mère s’arrange pour que son acte de naissance indique comme lieu le Château de Miromesnil, qu’elle vient de louer. Depuis quatre ans, Laure Le Poittevin, fille d’un filateur normand, amie d’enfance du grand écrivain Flaubert, est l’épouse de Gustave de Maupassant, un noble authentique – un charmeur, un oisif, peintre à ses heures.
1856
Un second fils naît de cette union, Hervé qui mourra fou.
1861-1863
Les parents de Guy de Maupassant ne s’entendent pas. L’enfant assiste, impuissant, à des scènes violentes qu’il n’oubliera jamais. Il a 12 ans quand ses parents se séparent à l’amiable. La jeune femme a la garde de ses enfants qu’elle élève près d’Etretat. A leurs moments de liberté, ils partagent les jeux des petits paysans dont ils parlent le patois.
Les années de formation
1863-1868
Laure de Maupassant envoie son fils à l’institution ecclésiastique d’Yvetot. Il y devient bon latiniste, mais s’y ennuie. Pendant les vacances, il revient s’abattre sur les galets d’Etretat. Un jour, il a 14 ans, il entend au loin sur la mer des appels au secours. Bon nageur, il se précipite : des marins sont en train de repêcher un imprudent. C’est un poète anglais déjà célèbre, A.C. Swinburne. Celui-ci invite Maupassant dans sa maison aux mœurs décadentes où il vit avec son ami Powell. L’adolescent se souviendra toujours de cette visite, et surtout d’une main d’écorché, coupée à un malfaiteur supplicié. Il en deviendra acquéreur et cet objet barbare inspirera plusieurs de ses contes. (la Main d’écorché, La Main)
1868-1869
Interne au Lycée de Rouen, Maupassant décroche le baccalauréat en 1869. Il a pour correspondant le poète Louis Bouilhet qui l’emmène, le dimanche, chez son ami Gustave Flaubert. Celui-ci se prend d’affection pour le jeune homme qui lui montre ses premiers essais.
1870
Guy de Maupassant a 20 ans quand la guerre contre le Prusse éclate. Il est versé dans l’Intendance à Rouen. Il participe à la déroute française. Les visions d’horreur que ses yeux enregistrent demeureront dans sa mémoire, il en sortira farouchement antimilitariste.
1872
Il a 22 ans. Il entre au Ministère de la marine où il reste 6 ans. C’est un fonctionnaire consciencieux, mais il s’ennuie. Il ébauche le projet d’écrire une série de nouvelles : Grandes Misères des Petites Gens. Le dimanche, pour oublier cette existence poussiéreuse, il va canoter sur la Seine et fréquente les filles faciles dont les peintres impressionnistes, Monet, Renoir, savent si bien rendre le charme canaille.
Quand il ne canote pas, il se rend à Croisset, la propriété de Flaubert, près de Rouen, et lui montre ce qu’il a écrit. Flaubert le corrige, le dirige avec une tendresse de père. Il lui interdit de rien publier avant qu’il n’ait acquis une véritable maîtrise. Il lui faut connaître les principaux écrivains de son temps, les romanciers de l’école naturaliste, les Goncourt, Zola, Huysmans, Daudet. Il rencontre aussi le grand écrivain russe Tourgueniev.
1875
Maupassant a 25 ans lorsqu’il publie sa première œuvre, La main d’écorché, un conte fantastique à la manière de Nerval et d’Hofmann.
1876
Représentation de A la feuille de rose, maison turque : une comédie de mœurs pornographique.
Maupassant souffre de gros troubles cardiaques.
Il est un habitué des dîners littéraires et participe aux réunions de la jeunesse réaliste et naturaliste.
1878
Il commence à souffrir de troubles oculaires. Prédisposé aux atteintes du microbe par hérédité, Maupassant a contracté la syphilis depuis quelques années déjà. On ne sait pas alors soigner cette terrible maladie, aggravée par les excès de toutes sortes auxquels se livre l’écrivain : travail acharné, mondanités trop nombreuses, dépenses physiques répétées, plaisirs charnels sans mesure.
Les années de production
avril 1880
Guy de Maupassant a à peine 30 ans. Avec ses amis, les écrivains naturalistes, il décide de publier une nouvelle dans un recueil consacré à l’évocation de la guerre de 70, Les soirées de Médan. C’est Boule de Suif, un chef-d’œuvre, comme le déclare Flaubert. Pour Guy de Maupassant, c’est le succès. Il entre au journal Le Gaulois et quitte le ministère.
8 mai 1880
Mort subite de Gustave Flaubert. Un choc terrible pour Guy, le fils adoptif. Ce n’est certainement pas innocent si Le Horla débute un 8 mai…
Octobre 1880
Guy de Maupassant découvre la nature luxuriante et ensoleillée du midi de la France et de la Corse.
En 10 ans, 300 contes, 6 romans, 3 récits de voyage, 1 volume de vers, de nombreuses chroniques : 30 volumes en tout.
Maupassant est d’abord le collaborateur du Gaulois, puis celui du Gil Blas et du Figaro. Mais il abandonne peu à peu le journalisme, le genre du conte et de la chronique pour se consacrer au roman. Il connaît le succès. En France, à cette époque, c’est lui qui a le plus fort tirage après Zola.
Il gagne bien sa vie, mais il a de gros frais : il donne de l’argent à sa mère, son frère, sa belle-sœur, sa nièce ; il assume la charge financière de ses trois enfants, que, cependant, il ne reconnaîtra pas ; il gâte ses maîtresses. Il possède une villa à Etretat, achète un grand voilier, le Bel-Ami, va aux eaux, voyage.
Peu à peu, grâce à la notoriété de son œuvre, il pénètre dans les salons aristocratiques et surtout dans ceux de la haute finance, juive et cosmopolite. A la fois séduisant et déplaisant, il choque souvent les hommes, se fait aimer des femmes et se sert d’eux comme modèle pour ses livres.
Pourtant, un malaise le ronge. Il se sent seul, il se croit malade. Il l’est…
1882-1883
Il publie La Maison Tellier, Mademoiselle Fifi, recueils de contes. Il voyage en Algérie. En octobre, il écrit La Peur.
1883
Publication de Une vie, Les contes de la Bécasse.
Naissance de son fils, Lucien.
Première cure à Châtel-Guyon.
1884
Maupassant s’intéresse aux cas de folie et à l’hypnotisme et suit les cours du Professeur Charcot à la Salpêtrière, jusqu’en 1886. Charcot a alors pour élève, un docteur autrichien qui deviendra célèbre : Sigmound Freud.
Il a une relation avec la Comtesse Potocka. Et une fille avec JoséphineLitzelmann.
1885
Publication de Conte du jour et de la nuit, Bel-Ami, A vendre et en février Lettre d’un fou. Il voyage en Italie.
Deuxième cure à Châtel-Guyon où il prépare déjà Mont-Oriol. Vie mondaine très intense dans laquelle il fréquente notamment des femmes juives.
1886
Première version du Horla publiée dans Gil Blas au mois d’octobre. Et troisième séjour à Châtel-Guyon.
1887
Deuxième version du HORLA dans le recueil du même nom en mai. Le même mois, il publie La Morte. Il donne aussi son troisième roman Mont-Oriol. En juillet, il fait un voyage en ballon de Paris en Hollande – le ballon se nomme le Horla. En octobre, il se rend en Algérie et en Tunisie. Son frère Hervé est interné pour troubles mentaux.
1888
Avec son quatrième roman, Pierre et Jean, Maupassant publie un recueil de contes et un récit de voyage, Sur l’eau.
1889
En août, second internement d’Hervé à l’hôpital psychiatrique de Bron. Maupassant publie un recueil, La main gauche et un roman, Fort comme la Mort, qui se termine par le suicide de son héros ; un conte étrange, l’Endormeuse, méditation sur la meilleure façon de se donner la mort. Le 13 novembre, son frère meurt.
1890
La santé de Maupassant se détériore. Il publie encore son denier roman achevé, Notre Cœur, un recueil de contes, L’inutile Beauté, un récit de voyage, La Vie errante. En avril, paraît dans L’écho de Paris, Qui sait ?, le dernier de ses contes fantastiques.
1891
Maupassant songe à écrire deux romans, ils resteront inachevés. Il souffre des yeux, des dents, de la tête, de l’estomac. Il se sent devenir fou. Il n’est plus maître de ses mots. Il espère encore trouver un soulagement dans les villes d’eaux, puis sur la Côte d’Azur, près de sa mère qui habite Nice.
1er janvier 1892
Guy de Maupassant a 41 ans. En revenant de chez sa mère, il tente de se suicider à Cannes. Son valet le désarme. Il entre à la maison de santé du Docteur Blanche, à Passy. Il délire et arrête sa production littéraire.
8 juillet 1893
Mort de Guy de Maupassant. Il est inhumé au cimetière Montparnasse à Paris.
Réalisme et Naturalisme
Extrait de la Préface de Pierre et Jean.
(…) Donc après les écoles littéraires qui ont voulu nous donner une vision déformée, surhumaine, poétique, attendrissante, charmante ou superbe de la vie, est venue une école réaliste ou naturaliste qui a prétendu nous montrer la vérité, rien que la vérité et toute la vérité.
Il faut admettre avec un égal intérêt ces théories d'art si différentes et juger les oeuvres qu'elles produisent, uniquement au point de vue de leur valeur artistique en acceptant a priori les idées générales d'où elles sont nées. (…)
Le romancier qui transforme la vérité constante, brutale et déplaisante, pour en tirer une aventure exceptionnelle et séduisante, doit, sans souci exagéré de la vraisemblance, manipuler les événements à son gré, les préparer et les arranger pour plaire au lecteur, l'émouvoir ou l'attendrir. Le plan de son roman n'est qu'une série de combinaisons ingénieuses conduisant avec adresse au dénouement. Les incidents sont disposés et gradués vers le point culminant et l'effet de la fin, qui est un événement capital et décisif, satisfaisant toutes les curiosités éveillées au début, mettant une barrière à l'intérêt, et terminant si complètement l'histoire racontée qu'on ne désire plus savoir ce que deviendront, le lendemain, les personnages les plus attachants.
Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d'événements qui paraîtrait exceptionnel. Son but n'est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. A force d'avoir vu et médité, il regarde l'univers, les choses, les faits et les hommes d'une certaine façon qui lui est propre et qui résulte de l'ensemble de ses observations réfléchies. C'est cette vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. Pour nous émouvoir, comme il l'a été lui-même par le spectacle de la vie, il doit la reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse ressemblance. Il devra donc composer son oeuvre d'une manière si adroite, si dissimulée, et d'apparence si simple, qu'il soit impossible d'en apercevoir et d'en indiquer le plan, de découvrir ses intentions.
Au lieu de machiner une aventure et de la dérouler de façon à la rendre intéressante jusqu'au dénouement, il prendra son ou ses personnages à une certaine période de leur existence et les conduira, par des transitions naturelles, jusqu'à la période suivante. Il montrera de cette façon, tantôt comment les esprits se modifient sous l'influence des circonstances environnantes, tantôt comment se développent les sentiments et les passions, comment on s'aime, comment on se hait, comment on se combat dans tous les milieux sociaux, comment luttent les intérêts bourgeois, les intérêts d'argent, les intérêts de famille, les intérêts politiques.
L'habileté de son plan ne consistera donc point dans l'émotion ou dans le charme, dans un début attachant ou dans une catastrophe émouvante, mais dans le groupement adroit de petits faits constants d'où se dégagera le sens définitif de l’œuvre.(…)
En somme, si le Romancier d'hier choisissait et racontait les crises de la vie, les états aigus de l'âme et du cœur, le Romancier d'aujourd'hui écrit l'histoire du cœur, de l'âme et de l'intelligence à l'état normal. Pour produire l'effet qu'il poursuit, c'est-à-dire l'émotion de la simple réalité et pour dégager l'enseignement artistique qu'il en veut tirer, c'est-à-dire la révélation de ce qu'est véritablement l'homme contemporain devant ses yeux, il devra n'employer que des faits d'une vérité irrécusable et constante. (…)
Leur intention étant de dégager la philosophie de certains faits constants et courants, ils devront souvent corriger les événements au profit de la vraisemblance et au détriment de la vérité, car le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. (…)
Faire vrai consiste donc à donner l'illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.
J'en conclus que les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. (…)
Maupassant, Pierre et Jean, Préface, 1889.
En partant de quelques citations :
Expliquer la problématique sous-tendue par ces formules. Faire apparaître les thèmes, les mots-clés, les valeurs du naturalisme, et éventuellement, les contradictions d’une formule à l’autre.
- « Le spectacle des misères terrestres ».
- « L 'histoire que n'ont jamais écrite les historiens. » (Claude Roy).
- « Un univers d'une cruauté absolue »
- « Des êtres en chair et en os », par opposition aux « fantoches plus beaux que nature » du romantisme. (J-K Huysmans).
- Le roman naturaliste ne prétend pas raconter une histoire divertissante, mais forcer le lecteur à « comprendre le sens profond et caché des événements. » (Maupassant)
- L'art, « un coin de la création vu à travers un tempérament. » (Zola)
- « J'ai montré des plaies, j'ai éclairé violemment des souffrances et des vices que l'on peut guérir... Je laisse aux moralistes et aux législateurs le soin de réfléchir et de trouver des remèdes. » (Zola)
- Le roman, « fait le trottoir de la littérature » Il « fouille les poubelles et les consciences. » (Cioran)
- Les romanciers réalistes ont supprimé « toutes les apparences poétiques et séduisantes, pour ne montrer que les réalités désillusionnantes. » (Maupassant)
- « Donner l'illusion complète du vrai. » (Maupassant)
- « L'homme ne peut être séparé de son milieu. [...]Nous ne noterons pas un seul phénomène de son cerveau ou de son coeur, sans en chercher les causes ou le contrecoup dans le milieu ». (Zola)
- Le roman communique au lecteur « une vision personnelle du monde ». (Maupassant)
- « Le temps est passé du Beau. [...1 Plus il ira, plus l'art sera scientifique. » (Flaubert)
- Le romancier naturaliste est « un greffier qui se défend de conclure ». (Zola)
- « Rien que la vérité, toute la vérité. » (Slogan naturaliste)
- « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. » (Sous-titre des Rougon-Macquart de Zola).
- « Toute oeuvre d'art est comme une fenêtre ouverte sur la création. » [..] « L'écran classique est une belle feuille de talc très pure. [...] Les images s'y dessinent nettement, au simple trait noir. [...1 L 'écran romantique est une glace sans tain, claire, bien qu'un peu trouble en certains endroits, et colorée des sept nuances de l'arc-en-ciel. [...] L'écran réaliste est un simple verre à vitre, très mince, très clair, et qui a la prétention d'être si parfaitement transparent que les images le traversent et se reproduisent ensuite dans toute leur réalité. [Cependant], il doit avoir en lui des propriétés particulières qui déforment les images, et qui, par conséquent, font de ces images des oeuvres d'art. » (Zola)
Tableau récapitulatif :
Influence de la Science sur le roman naturaliste |
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Concilier |
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Le roman naturaliste |
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Le Naturalisme zolien |
Le Naturalisme de Maupassant |
Le roman expérimental
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Le roman de la désillusion
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Correspondances :
A sa mère
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Ma bien chère mère,
Je viens de faire tant d'excursions que je n'ai pas trouvé une demi-heure pour t'écrire.
J'ai vu Châteauneuf, le plus joli coin de l'Auvergne que je connaisse - vallée profonde au milieu de superbes rochers, - puis Pontgibaud, autre vallée moins jolie, puis, au-dessus de Volvic, le cratère de la Nachère, d'où l'on a un horizon extraordinaire sur la Limagne et sur le haut plateau d'où surgissent les puys. Ils sortent de ce plateau comme des clous énormes à tête tronquée.
Je ne fais rien que préparer tout doucement mon roman1. Ce sera une histoire très courte et très simple dans ce grand paysage calme ; cela ne ressemblera guère à Bel-Ami.
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Il y a beaucoup de monde ici, car Potain2 a adopté cette station, mais on s'y ennuie d'une façon si formidable que la plupart des malades n'y reviendront pas, malgré le bien que leur font les eaux.
Quant à moi, je compte partir mardi soir pour arriver jeudi à Étretat. J'ai grand besoin de travailler. Il est probable que j'irai à Cannes, ou à Nice si tu es à Nice, de fort bonne heure, pour y écrire d'un trait le roman que je prépare ici afin de l'avoir fini pour l'été prochain et d'avoir libre tout cet été-là pour circuler.
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Adieu, ma bien chère mère ; .je t'embrasse mille fois de tout mon cœur. Bonne poignée de main à Hervé.
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A Henri Amic
Châtel-Guyon, 17 août
(…) Je viens de faire d’admirables excursions en Auvergne, c’est vraiment un pays superbe et d’une impression bien particulière, que je vais essayer de rendre dans le roman que je commence.
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A Hermine Lecomte de Noüy
Madame et chère amie,
Que vous dirai-je d'ici ? Je navigue, et je travaille surtout. Je fais une histoire de passion1 très exaltée, très alerte et très poétique. Ça me change - et m'embarrasse. Les chapitres de sentiments sont beaucoup plus raturés que les autres. Enfin ça vient tout de même ; on se plie à tout avec de la patience ; mais je ris souvent des idées sentimentales, très sentimentales et tendres, que je trouve, en cherchant bien ! J'ai peur que ça me convertisse au genre amoureux, pas seulement dans les livres, mais aussi dans la vie ; quand l'esprit prend un pli, il le garde, et vraiment il m'arrive quelquefois en me promenant sur le cap d'Antibes, un cap solitaire comme une lande en Bretagne, en préparant un chapitre poétique au clair de lune, de m'imaginer que ces aventures-là ne sont pas si bêtes qu'on le croirait.
Je vais assez souvent à Cannes, qui est aujourd'hui une cour ou plutôt une basse-cour de Rois. - Rien que des Altesses et tout ça règne dans les Salons de leurs nobles sujets. Moi je ne veux plus rencontrer un prince, plus un seul, parce que je n'aime pas rester debout des soirées entières, et ces rustres-là ne s'asseyant jamais, laissent non seulement les hommes, mais aussi toutes les femmes perchées sur leurs pattes de dindes de neuf heures à minuit, par respect de l'Altesse Royale.
Le prince X...2, qui serait fort beau avec la blouse bleue du marchand de porcs normand, bien qu'il ressemble à l'animal plutôt qu'au vendeur, règne sur un peuple..., en face du comte ..., un vrai serrurier, qui règne sur un peuple de nobles, faux ou vrais. Cependant les... l'emportent de beaucoup en nombre et en fortune. Dans dix ans Cannes sera... ou ne sera pas.
A côté de ces 2 monarques on voit au moins cent altesses, roi de Wurtemberg, grand-duc de Mecklembourg, duc de Bragance, etc., etc. La société cannoise en est devenue folle. Il est facile de constater que ce n'est pas par les Idées que périra la noblesse d'aujourd'hui comme son aînée de 89. Quels crétins !!!
De temps en temps tous ces princes vont rendre visite à leur cousin de... Alors la scène change dès la gare. Les Altesses qui daignaient à peine tendre un doigt, la veille, à leurs fidèles et très nobles serviteurs, inclinés jusqu'à leurs genoux, sont bousculés par les commissionnaires, coudoyés et poussés par des commis voyageurs, entassés dans des wagons avec les hommes les plus communs, les plus grossiers et les plus mal appris... Et on s'aperçoit avec stupeur que, si on n'était prévenu, il serait impossible de reconnaître la distinction royale et la vulgarité bourgeoise ; c'est là une comédie admirable, admirable... admirable... que j'aurais un plaisir infini - vous entendez infini - à raconter si je n'avais des amis, de très charmants amis, parmi les fidèles de ces grotesques. Et puis le duc..., lui-même, est si gentil à mon égard que vraiment je ne peux pas : mais ça me tente, ça me démange, ça me ronge... En tout cas, cela m'a servi de formuler ce principe qui est plus vrai, soyez-en convaincue, que l'existence de Dieu.
Tout homme qui veut garder l'intégrité de sa pensée, l'indépendance de son jugement, voir la vie, l'humanité et le monde en observateur libre, au-dessus de tout préjugé, de toute croyance préconçue et de toute religion, doit s'écarter absolument de ce qu'on appelle les relations mondaines, car la bêtise universelle est si contagieuse, qu'il ne pourra fréquenter ses semblables, les voir et les écouter, sans être, malgré lui, entraîné par leurs convictions, leurs idées et leur morale d'imbéciles.
Enseignez cela à votre fils au lieu du catéchisme, et laissez-moi vous baiser les mains.
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D'air, d'eau, de terre et de feu, Châtel-Guyon vous ouvre les portes d'un espace préservé au cœur d'une nature accueillante et généreuse. Invitation à la découverte d'une station touristique et thermale de réputation internationale. Une Cité thermale et touristique aux portes du Parc Naturel des volcans d'Auvergne, première station de l'appareil digestif , Châtel-Guyon est aussi un véritable pôle de santé.
Châtel-Guyon, la qualité de vie.
A Châtel-Guyon, au cœur du Pays de Volvic, entre volcans et ciel bleu, vous goûterez l'eau pure des sources thermales, au sein d'une nature préservée, vous cultiverez "l'art de vivre en forme". Châtel-Guyon vous offre les bien-faits de ses eaux thermales, utilisées depuis Louis XIV, pour soigner les maladies des appareils digestif et urinaire.
Station du mieux-être intestinal, de l'équilibre nutritionnel et de l'anti-stress, Châtel-Guyon tire son originalité de ses eaux à très haute teneur en magnésium, uniques en Europe.
Châtel-Guyon vous propose tous les éléments anti-stress : un climat tonifiant, une nature préservée, des activités sportives variées, un centre de remise en forme, un centre de nutrition, mais aussi une gastronomie qui sent bon le terroir.
Châtel-Guyon vous invite également à faire la fête avec son Casino (machines à sous) et ses nombreuses manifestations qui rythmeront toute la saison estivale.
Châtel-Guyon est également un point de départ idéal pour de nombreuses découvertes ; d'églises en châteaux, vous vous promènerez dans l'Histoire, vous dénicherez un calvaire, une chapelle, une fontaine... Parfois anonymes mais toujours remarquables.
Châtel-Guyon au Pays de Volvic : une qualité de vie, un cocktail tonique de nature, de culture et de santé... à consommer sans modération.
Châtel-Guyon au Pays de Volvic à visiter :
La butte du Calvaire, et sa croix de 1884, d’où l’on peut contempler la plaine de la Limagne, une partie de la chaîne des Puy, et tout Châtel-Guyon.
Riom : "Ville d'Art et d'Histoire", hôtels particuliers, Sainte Chapelle, Palais de Justice |
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Le musée Régional d'Auvergne de Riom |
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Le musée Mandet de Riom : Beaux Arts et Arts Décoratifs |
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Le musée Marcel Sahut de Volvic : peintres des XIXe et XXe siècles. |
Les fresques byzantines de l'église Ste Anne de Châtel-Guyon réalisées par Greschny, et le Trompe l’œil du presbytère de l’église réalisé par M. Slobo.
Le château de Tournoël à Volvic, forteresse médiévale |
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Le château de Chazeron et son panorama exceptionnel sur la Limagne |
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L'abbaye de Mozac : chapiteaux historiés, châsse en émaux champlevés de St Calmin |
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Marsat : Eglise Romane avec Vierge Noire en majesté du XIIe siècle, cloître |
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L'art de travailler la Pierre de Volvic : ateliers de taille de la pierre et de sculpture, ateliers de lave émaillée (cadrans solaires, tables d'orientation...) |
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L'église St Priest de Volvic : chœur du XIIe siècle classé monument historique |
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La verrerie du Marais : travail du verre selon des techniques traditionnelles |
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La Maison du Vigneron (XVIIe – XVIIIe siècles) : écomusée du pays brayaud, où l’on peut admirer des meubles, vêtements, coiffes et objets typiques. |
La Maison de la Pierre : historique de la pierre de Volvic. |
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Le Gour de Tazenat : un lac de cratère |
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Vulcania : centre européen du volcanisme |
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Le puy de Lemptégy : volcan à ciel ouvert |
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L’espace d’information de l’eau minérale naturelle de Volvic |
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Les eaux thermales de Châtel-Guyon : teneur en magnésium exceptionnelle |
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Les fontaines de Châtel-Guyon et ses parcs fleuris |
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Les Sources Pétrifiantes de Gimeaux |
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Les Gorges d’Enval et la cascade du « Bout du Monde » |
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Les Balades nature : le chemin des Dames à Volvic, la vallée du Sans-Souci à Châtel-Guyon, le plateau de Lachaud à Marsat et Châteaugay |
Des activités à pratiquer
Des randonnées sur l'intégralité du Pays de Volvic (topo-guides Chamina) |
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315 km de circuits VTT balisés selon 17 circuits (Centre National de VTT) |
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Des randonnées à cheval proposées par différents centre équestres |
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Le parcours compact de 9 trous du golf de Riom |
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Jet-stream, bains bouillonnants... à l'Institut Equilibre et Bien-Etre de Châtel-Guyon |
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Minceur et vitalité au Centre de Nutrition de Châtel-Guyon |
Les Journées du Patrimoine |
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Salon d’antiquité (Antiqua) à Châtel-Guyon |
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Festival Jazz et Danse à Châtel-Guyon |
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Sainte-Anne à Châtel Guyon |
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Saint-Amable le saint patron de Riom |
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Riom, ville d'Art'isans (biennale) 1er week-end de décembre |
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Le festival Piano à Riom courant juin 2003 |
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Tous les lundis de juillet jusqu'au 1er septembre théâtre déambulatoire dans les rues de Riom chaque année une nouvelle adaptation. |
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Jazz à Riom du 17 au 23 août 2003 |
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Festi'Lave : fêter la pierre de Volvic |
d'un environnement exceptionnel :
Ou encore :
· bridge,
· photo,
· conférences,
· expositions,
· bibliothèque,
· concerts,
· casino (boule, machines à sous)
· cinéma,
· petit train touristique,
· visites guidées...
De plus, le Comité d'Animation organise tout au long de la saison des thés dansants, de nombreux spectacles variés et des concerts.
Les origines de Mont-Oriol :
- « Un vieux », conte, 1882
Tous les journaux avaient inséré cette réclame : "La nouvelle station balnéaire de Rondelis offre tous les avantages désirables pour un arrêt prolongé et même pour un séjour définitif. Ses eaux ferrugineuses, reconnues les premières du monde contre toutes les affections du sang, semblent posséder en outre des qualités particulières, propres à prolonger la vie humaine. Ce résultat singulier est peut-être dû en partie à la situation exceptionnelle de la petite ville, bâtie en pleine montagne, au milieu d'une forêt de sapins. Mais toujours est-il qu'on y remarque depuis plusieurs siècles des cas de longévité extraordinaires."
Et le public venait en foule.
Un matin, le médecin des eaux fut appelé auprès d'un nouveau voyageur, M. Daron, arrivé depuis quelques jours et qui avait loué une villa charmante, sur la lisière de la forêt. C'était un petit vieillard de quatre-vingt-six ans, encore vert, sec, bien portant, actif, et qui prenait une peine infinie à dissimuler son âge.
Il fit asseoir le médecin et l'interrogea tout de suite. "Docteur, si je me porte bien, c'est grâce à l'hygiène. Sans être très vieux, je suis déjà d'un certain âge, mais j'évite toutes les maladies, toutes les indispositions, tous les plus légers malaises par l'hygiène. (…)
Deux autres encore disparurent dans l'année, l'un d'une dysenterie et l'autre d'un étouffement. M. Daron s'amusa beaucoup de la mort du premier ; et il conclut qu'il avait assurément mangé, le veille, des choses excitantes. "La dysenterie est le mal des imprudents ; que diable, vous auriez dû, Docteur, veiller sur son hygiène."
Quant à celui qu'un étouffement avait emporté, cela ne pouvait provenir que d'une maladie du coeur mal observée jusque-là.
Mais un soir le médecin annonça le trépas de Paul Timonet, une sorte de momie dont on espérait bien faire un centenaire-réclame pour la station.
Quand M. Daron demanda, selon sa coutume : "De quoi est-il mort ?" le médecin répondit : "Ma foi, je n'en sais rien.
- Comment, vous n'en savez rien ? On sait toujours. N'avait-il pas quelque lésion organique ?
Le docteur hocha la tête : "Non, aucune.
- Peut-être quelque affection du foie ou des reins ?
- Non pas, tout cela était sain.
- Avez-vous bien observé si l'estomac fonctionnait régulièrement ? Une attaque provient souvent d'une mauvaise digestion.
- Il n'y a pas eu d'attaque."
M. Daron, très perplexe, s'agitait :
"Mais voyons : il est mort de quelque chose, enfin ! De quoi, à votre avis ?"
Le médecin leva les bras : "Je ne sais rien, absolument rien. Il est mort parce qu'il est mort, voilà."
M. Daron alors, d'une voix émue, demanda : "Quel âge avait-il donc au juste, celui-là ? Je ne me le rappelle plus.
- Quatre-vingt-neuf ans."
Et le petit vieux, d'un air incrédule et rassuré, s'écria : "Quatre-vingt-neuf ans ! Mais, alors, ce n'est pourtant pas non plus la vieillesse !..."
26 septembre 1882
- Chronique, Petits voyages, « En Auvergne »,1883
(…) Je disais que l'an dernier, j'ai raconté quelques excursions, deux en Bretagne, une à Menton, une en Corse. Cette année nous avons visité Cannes, et fait dernièrement un petit voyage de Paris à Rouen, par la Seine. Traversons aujourd'hui l'Auvergne.
L'Auvergne est la terre des malades. Tous ses volcans éteints semblent des chaudières fermées où chauffent encore, dans le ventre du sol, les eaux minérales de toute nature. De ces grandes marmites cachées partent des sources chaudes qui contiennent tous les médicaments propres à toutes les maladies. Voici Vichy où l'on soigne les affections du foie, de la vessie, de l'estomac, des reins, de la gorge, de la rate, etc. ; voici Royat, où l'on guérit les maladies de la rate, de la gorge, des reins, de l'estomac, de la vessie, du foie, etc. Voici le Mont-Dore, La Bourboule, Saint-Nectaire, Châtel-Guyon, et tant d'autres lieux à filets de liquide minéralisé qui se vend en bains, en bouteilles et en douches ascendantes ou descendantes, selon les besoins de la clientèle.
La grande pharmacie souterraine d'Auvergne répond à toutes les exigences. Clermont-Ferrand, la capitale, s'étale dans une grande plaine enfermée par des montagnes. La ville est triste, un peu morte, et semble uniquement habitée par des paysans, tant on y rencontre de gens en blouse. L'Auvergnat manque d'élégance native. Il n'est pas fier comme l'Arabe, arrogant comme l'Espagnol, élégant et coloré comme l'Italien. Mais il n'a pas l'air non plus hâbleur comme le Méridional, ni rusé comme le Normand. Il semble honnête, simple et bon. On se sent ici chez un peuple de braves gens.
Un grand amphithéâtre de sommets entoure Clermont, dominé par le cône pesant et majestueux du Puy-de-Dôme, que couronnent les ruines d'un temple à Mercure. Une statue colossale du dieu dominait jadis toute la contrée.
Moins hauts, le Puy de la Vache, le Puy-Minchier, le Puy du Pariou, le Puy de la Vachère forment à leur grand frère un état-major de pics. Et sur presque tous ces sommets se creusent d'immenses cuvettes, anciens cratères, aujourd'hui des lacs. Ceux qui n'ont point d'eau, comme le Pariou, servent de nids aux orages. Dans cet immense entonnoir, profond de cent mètres, les nuages s'amassent, s'entassent, et la foudre soudain gronde au fond de la montagne, comme s'il s'y livrait une bataille de tonnerres.
Si Clermont n'a point l'aspect d'une ville gaie, elle possède au moins un bois de Boulogne aussi élégant et aussi fréquenté que celui de Paris. C'est Royat.
Tout au bout de la ville, dans un pli de montagne, la station thermale et charmante accumule ses grands hôtels sur la pente rapide d'une côte.
Une route s'en va vers le Nord. Suivons-la. Elle monte, elle monte, et la vue s'étend sur une plaine infinie peuplée de villages et de villes, riche et boisée, la Limagne. Plus on s'élève, plus l'on voit loin, jusqu'à d'autres sommets, là-bas, les montagnes du Forez. Tout cet horizon démesuré est voilé d'une vapeur laiteuse, douce et claire. Les lointains d'Auvergne ont une grâce infinie dans leur brume transparente.
La route est bordée de noyers énormes qui la mettent presque toujours à l'abri du soleil. Les pentes des monts sont couvertes de châtaigniers en fleur dont les grappes, plus pâles que les feuilles, semblent grises dans la verdure sombre. Sur les pics, on voit partout des châteaux en ruine. Cette terre fut hérissée de manoirs guerriers. Tous se ressemblaient d'ailleurs.
Au-dessus d'un vaste bâtiment carré, festonné de créneaux, s'élève une tour. Les murs n'ont pas de fenêtres, rien que des trous presque imperceptibles. On dirait que ces forteresses ont poussé sur les hauteurs comme des champignons de montagne. Elles sont construites en pierre grise, qui n'est autre chose que la lave des anciens volcans, devenue plus noire encore avec les siècles.
Et, tout le long des chemins, on rencontre des attelages de vaches traînant des dômes de foin. Les deux bêtes vont d'un pas lent, dans les descentes et les montées rapides, tirant ou retenant la charge énorme. Un homme marche devant et règle leur pas avec une longue baguette dont il les touche par moments. Jamais il ne frappe, il semble surtout les guider par les mouvements du bâton, à la façon d'un chef d'orchestre. Il a le geste grave qui commande aux bêtes ; et il se retourne souvent pour indiquer ses volontés. On ne voit jamais de chevaux, sauf aux diligences ou aux voitures de louage, et la poussière des routes, quand il fait chaud et qu'elle s'envole sous les rafales, porte en elle une odeur sucrée qui rappelle un peu la vanille et qui fait songer aux étables.
Tout le pays aussi est parfumé par des arbres odorants. La vigne à peine défleurie exhale une odeur peu sensible mais exquise. Les châtaigniers, les acacias, les tilleuls, les sapins, les foins et les fleurs sauvages des fossés chargent l'air de senteurs légères et persistantes.
On suit toujours la montagne. Toujours se déroule à droite l'immense plaine de la Limagne. On entre enfin dans Volvic, petite ville où l'on exploite la lave et que domine une vierge démesurée plantée au faite de la côte.
Bientôt apparaît un château féodal en ruine, Tournoël, puis un village, à l'entrée d'une gorge superbe qu'on a baptisée : « La fin du Monde. »
On dirait en effet que le monde finit là. La douce montagne d'Auvergne fait la sauvage et veut jouer au précipice. On s'avance dans une impasse de rochers nus d'où s'élance un torrent. On monte, on grimpe le long des corniches de pierre ; et soudain on parvient en haut, dans un petit vallon qui semble un parc anglais où le torrent de tout à l'heure n'est plus qu'un ruisseau clair, coulant sous les arbres, entre deux prairies que terminent des petits bois.
La route tourne dans un repli ombreux et voici Châtel-Guyon.
Cette ville où l'on soigne, comme chez ses rivales de l'Auvergne et d'ailleurs toutes les maladies connues, a cela de particulier qu'on y renouvelle chaque jour un des plus terribles supplices pratiqués par l'Inquisition, celui de l'eau. Comme on a beaucoup parlé, ces jours derniers, de cette opération délicate que les médecins voulaient expérimenter sur le comte de Chambord, je prendrai la peine de la décrire tout au long.
Trois hommes sont enfermés dans la salle de souffrance. Un d'eux, coiffé d'un bonnet grec, vêtu d'un tablier blanc, grand et fort avec des traits durs, tient dans les mains une sorte de camisole de force en caoutchouc. C'est le valet de torture, l'aide du grand exécuteur. Celui-ci, en redingote, le chapeau sur la tête, barbu, l'œil tranquille, inspecte les instruments. Partout des conduits de plomb et des robinets de cuivre. Une tige droite et menaçante descend directement du plafond, terminée par un bec assez semblable à ceux du gaz.
Un homme pâle, la face secouée de tressaillements, assis sur une chaise au milieu de l'appartement, regarde avec horreur autour de lui.
L'aide s'approche, saisit le patient, passe ses bras dans la cuirasse de caoutchouc, qui l'enferme et l'étreint. Une serviette encore lui serre le cou. C'est l'heure.
Deux récipients de verre sont posés à terre pareils à des bocaux pour poissons vivants. Dans l'un d'eux, nage et flotte une sorte de serpent rouge qui semble avoir trois têtes. Il est long, mince, roulé sur lui-même. L'exécuteur le saisit. C'est un tube à trois embouchures.
Une d'elles est appliquée au bout de la tige de fer tombant du plafond. Une autre descend dans un des récipients de verre. L'exécuteur prend la dernière. Le patient, pâle comme un mort, ouvre la bouche.
Alors, l'exécuteur, lui tenant le front, introduit au fond de sa gorge cette troisième tête du serpent. L'homme frémit, tousse, s'étouffe, se tord. Le tortureur pousse, enfonce, introduit jusqu'au fond (instrument de supplice.
Le patient tend les mains, râle, bave comme un chien enragé, et secoué de hoquets à la façon des gens atteints du mal de mer, cherche à rejeter l'horrible tube qui lui pénètre au fond du ventre. Alors, tout à coup, l'aide tourne un robinet et l'eau pénètre le patient, le gonfle à la façon des chameaux qui boivent aux citernes la provision d'un mois.
Son corps se tend, sa face devient violette. On croit qu'il va expirer !... Mais, ô miracle, un filet d'eau soudain jaillit de l'embouchure posée dans le récipient de verre ; un filet d'eau qui n'est pas claire, mais qui soulage. Oh oui ! oh oui !
Et la source ainsi passe dans le corps du malade ; le lavant, le nettoyant dans les coins inconnus de l'estomac ! L'eau coule, coule encore, coule toujours, jusqu'au moment où l'aide ferme le robinet. Alors, l'exécuteur enlève délicatement le tube, qu'on laisse ensuite tremper longtemps, non sans raison.
C'est là ce qu'on appelle vous laver l'estomac.
Au fond Châtel-Guyon pourrait bien n'être qu'une académie d'Aïssaouas où l'on apprend tout simplement à avaler des serpents, des sabres, et autres corps singuliers ; et je ne serais point surpris de voir débuter cet hiver aux Folies-Bergère la troupe de malades qui fait en ce moment son apprentissage. Les cures opérées en Auvergne sont parfois miraculeuses, et les médecins avantageusement remplacés par des gendarmes. Dans un village non loin d'ici est une vierge privilégiée qui rend grosses les femmes stériles. Il s'agit d'une vierge de pierre.
L'opération dite du Saint-Esprit avait eu lieu jadis de la façon suivante : chaque postulante devait frotter sa chemise contre Marie. Mais des scènes scandaleuses eurent lieu, et on fut contraint d'interdire le contact de la Vierge.
Comme la consigne n'était point observée, on appela un peloton de gendarmes qui se mit en bataille autour de la statue pour en interdire l'approche. Que firent alors les femmes ? Elles prièrent les gendarmes de se charger de frotter les chemises ; et chacune tendit un linge aux militaires. Le Français est galant. Les hommes prirent ce qu'on leur offrait et se mirent avec conscience à essuyer la bonne vierge, depuis le matin jusqu'au soir.
Le miracle fut complet. Toutes les femmes devinrent enceintes... grâce aux gendarmes.
Châtel-Guyon, qui n'a point de vierge fertilisante, avait l'an dernier un curé dont il voulait se débarrasser. L'histoire mérite d'être dite.
Une députation d'habitants alla trouver l'archevêque, qui refusa de changer son prêtre.
Alors le maire réunit son conseil municipal, qui décida la conversion en masse de la commune au protestantisme.
Un pasteur fut appelé. Il vint, ouvrit un temple. La population tout entière suivit ses prêches. L'Angleterre s'émut. Des journaux spéciaux, à Londres, annoncèrent cette conversion, prédirent celle de la France entière.
Le révérend, enthousiasmé, résolut de s'installer dans ce pays béni du ciel, et il partit pour chercher ses meubles.
Or, l'archevêque, dupé, mais malin, saisit juste ce moment pour envoyer un autre curé.
Quand le pasteur revint, il crut le pays devenu désert. Il allait de porte en porte ; appelant par leurs noms ses anciens auditeurs. Ils ne répondaient point, cachés au fond des caves. Après un mois d'attente, il repartit, et il parle encore aujourd'hui, dit-on, de cette ruse funeste du démon.
Sur un monticule s'élève un petit casino, temple d'un autre genre où un maître de chapelle de Paris, M. Bertringer, musicien enthousiaste, organise des concerts, qui seraient peut-être suivis s'ils étaient moins remarquables. On fait là ; dans cette gorge de montagne, loin de toute ville, de la grande et vraie musique.
Une jeune fille, Mlle Gentil, qui sera célèbre comme pianiste, fait partie de cette petite troupe excellente.
On joue aussi la comédie... Les acteurs appartiennent au jeune personnel de l'Odéon. L'actrice (elle est seule), Mlle Pinson, est charmante.
Et de la terrasse on aperçoit encore, entre deux roches, là-bas, la Limagne, la grande plaine d'Auvergne, avec la ville de Thiers tout au fond.
17 juillet 1883
Source : http://www.enseignons.be/upload/secondaire/Francais/230307031251Maupassant-photocopies.doc
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Guy de Maupassant
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